Révision du Plan d'utilisation des sols

Québec, le 3 juin 2024


Monsieur Mario Girard, Président-directeur général
Administration portuaire de Québec
150, rue Dalhousie
C.P. 80, succ. Haute-Ville
Québec (Québec) G1R 4M8


Monsieur le Président-directeur général,

Permettez-nous d’abord de vous féliciter et de vous remercier pour la mise à jour du Plan d'utilisation des sols (PUS) de l’Administration portuaire de Québec (APQ) et pour l’organisation de la consultation publique de mai 2024. Celle-ci s'est tenue dans des conditions plutôt favorables et constructives où écoute et dialogue étaient au rendez-vous. C’est tout à votre honneur.

Considérant qu’il n’y aura pas d’agrandissement portuaire dans le secteur Beauport selon la version préliminaire du PUS, nous pourrons naviguer et ramer ensemble en eaux calmes, dans les prochaines années, pour relever le beau défi d’un réaménagement du littoral Est qui répondra aux attentes de la population. Les valeurs portuaires exprimées, qui tournent autour de la durabilité, de la collaboration et de l’innovation, mettent la table à une cohabitation Ville, Port et citoyen.ne.s résolument plus harmonieuse. Nous sommes ravis de cette ouverture, qui permettra au Port et à ses partenaires de poser des gestes concrets pour contribuer à la réalisation de la phase IV de la Promenade Samuel-de-Champlain.

Nous partageons cette lettre avec plusieurs élus et dirigeants de la communauté pour célébrer les bonnes nouvelles portuaires, indiquées dans le PUS, mais aussi, pour interpeller tous et chacun que certains défis à relever, interpelleront plusieurs d’entre nous dans leur complexité. Nous comptons ainsi sur la bonne volonté et la riche contribution de chacun, puisque nous avons, toutes et tous, un bout de la solution. Quant à nous, en tant que groupe du milieu, nous ferons toujours dans les moments cruciaux, le même appel à tous qu’est : les citoyen.ne.s d’abord.

Ainsi, nous envisageons avec enthousiasme de collaborer avec le gouvernement du Québec, la Commission de la Capitale nationale du Québec, le Port et la Ville de Québec pour transformer l'autoroute Dufferin-Montmorency en boulevard urbain et aménager une magnifique bordure littorale, à l’image de la Promenade Samuel-de-Champlain du littoral Ouest. Là-bas, camions, automobiles, vélos et piéton.ne.s cohabitent de façon sécuritaire et à vitesse réduite. Cela constitue une excellente base de réaménagement qui nous permettra de nous rendre ensemble, à bon port, sur le littoral Est.

Par ailleurs, nous constatons avec satisfaction que l’affectation « Protection et valorisation » du PUS pour le littoral Est correspond aux zones sensibles, à celles présentant une importance particulière en termes de biodiversité ou aux zones tampons dotées de caractéristiques environnementales significatives. Il est tout à fait opportun que ces terrains, sous juridiction de l’APQ et se trouvant à l’extérieur des trois secteurs portuaires principaux, soient dédiés à la préservation, à l’amélioration et à la restauration d’habitats naturels. En les intégrant aux autres secteurs du littoral Est et en y faisant des aménagements bien réfléchis, on peut dorénavant envisager que la nature y reprendra sa place et que la population pourra en bénéficier par le biais d’accès respectant la fragilité de ces milieux restaurés.

Finalement, vous savez que plusieurs d'entre nous ont collaboré avec la Ville, le Port et le gouvernement du Canada à la conception des nouveaux aménagements de la plage qui ont constitué un des legs du gouvernement fédéral à la population, lors du 400è anniversaire de Québec. Il s’agissait alors d’excellents gestes pour favoriser l’accès au fleuve, tout comme les aménagements de la Pointe-à Carcy et de l’Anse Brown, que sont les autres legs du gouvernement fédéral. Toutefois, seul l’accès à la plage de la baie de Beauport est payant et cloisonné alors que l’accès aux autres sites fluviaux est gratuit et sans entrave physique, de Cap-Rouge à la Chute Montmorency.

Depuis 2008, le modèle d’affaires et les modes de gestion de la plage adoptés par la Ville de Québec, le Port et son partenaire privé ont malheureusement beaucoup réduit l’accessibilité économique; les frais exigés pour accéder à la plage constituent un frein considérable à sa fréquentation. Par ailleurs, l'érection d'une immense clôture cloisonnant la plage dénature de façon inacceptable la grande beauté du site. Ces faits, tout comme la disparition de l’école de voile légère, l’émergence des motomarines et les frais exorbitants exigés aux canotiers sur glace, sont regrettables. Selon nous, des améliorations s’imposent, et en priorité la gratuité d’accès.

De plus, si la transformation de l'autoroute améliorera l’accès au fleuve, l’accès au secteur de la plage risque de demeurer problématique si on ne trouve pas une solution afin de permettre un lien et un accès directs par l’avenue D’Estimauville. Tel qu’envisagé dans le plan particulier d’urbanisme de la Ville de Québec en 2016, un tel accès permettra une intégration essentielle des installations récréotouristiques de la péninsule Beauport avec les quartiers environnants et le reste du littoral Est.

Tout aussi important, ce nouveau lien résoudra un crucial enjeu de sécurité civile en fournissant un second accès aux terminaux portuaires de Beauport pour les secours externes en cas d’incendie ou d’autres incidents. Considérant que ce secteur abrite un grand nombre de réservoirs de produits pétroliers et autres matières dangereuses, le seul accès actuel via le boulevard Henri-Bourassa ne peut garantir un accès sécuritaire en cas d’urgence. L’expérience vécue lors d’un incendie en 2007 en a fourni une preuve inquiétante. À cet égard, les liens cyclable et piéton annoncés dans le PUS sont insuffisants et ne permettent aucunement de résoudre cet enjeu critique.

Ce lien restreint ne permettra pas, non plus, la connexion d’autobus et navettes vers l’actuel terminus D’Estimauville ou vers le futur terminal de tramway. Nous aussi, on voit loin pour le transport collectif et une connexion multifonctionnelle constitue un incontournable pour l’avenir des quartiers de la Canardière. Encore une fois, sur les rives fluviales, l’ouest de la ville est mieux desservi en transport collectif que l’est de notre ville. Les inégalités sociales s’en trouvent perpétuées. Nous souhaitons, là aussi, pouvoir collaborer avec les acteurs institutionnels pour trouver une solution viable et durable pour tous.

Les prochaines années nous donneront de nombreuses occasions de démontrer notre engagement mutuel envers un avenir meilleur pour la protection, la conservation et la mise en valeur du littoral Est de notre belle ville. Soyez assuré que nous ne ménagerons pas les efforts pour que notre collaboration soit des plus fructueuses pour répondre aux attentes et besoins des résident.e.s et des touristes.

Nous sommes disponibles pour vous expliquer davantage notre vision et notre plan.


Veuillez agréer, monsieur Girard, l’expression de nos sentiments les meilleurs.





Marie-Hélène Deshaies, présidente Daniel Guay, vice-président
Table citoyenne Littoral Est Table citoyenne Littoral Est